Publié le : 26 septembre 20199 mins de lecture

Florence Servan-Schreiber pratique la psychologie positive à haute dose dans sa vie personnelle et professionnelle et se voit comme un « Professeur de bonheur ». Outre ses « ateliers d’inspiration au bonheur » qu’elle dispense aux particuliers, on la retrouve chaque samedi dans l’émission « Carinne et vous » sur Cuisine+. Son credo : kiffez la vie !

Comment est née l’idée d’instaurer des kifs dans votre vie ?

J’ai découvert un jour le travail de Martin Seligman sur l’expression de la gratitude et de Tal Ben Shahar. J’en ai retenu que les personnes qui exprimaient leur reconnaissance et les optimistes vivaient plus longtemps et en meilleure santé que les autres. Le soir même, j’ai proposé à mon mari et mes enfants de citer trois kifs ou situation pour lesquels ils étaient reconnaissants. Un kif, c’est prendre conscience que les choses formidables dans sa vie ne dépendent pas exclusivement de soi, mais aussi des autres. Nous sommes tous interconnectés. La gratitude est un muscle. C’est comme la course à pied, c’est fatigant, mais ça fait du bien ! Certes, il faut se faire violence pour commencer, mais les bénéfices sont immenses. Plusieurs études ont montré qu’éprouver de la gratitude fait baisser la pression artérielle, diminue notre âge physiologique et renforce notre système immunitaire.

La cuisine et vous, ça a toujours été l’accord parfait ?

J’ai été élevée par des parents féministes qui ne faisaient pas la cuisine pour éviter des soucis de partage des tâches. J’ai des souvenirs d’enfance liés à la nourriture, mais aucun de fabrication ni de liens affectifs liés à un aliment en particulier. Je partais du principe que faire la cuisine était une corvée car cela m’avait été présenté comme une tâche ménagère.

Quel a été le déclic ?

J’ai découvert la cuisine quand je me suis mariée. D’ailleurs, au même moment, mon père s‘est remarié avec Perla Servan-Schreiber (auteur du livre Le bonheur de cuisiner, Ed La Martinière). Pour elle, la cuisine c’était du partage, le don de soi et une forme d’art. C’est une cuisine de chef, raffinée et très fraîche. Quand je l’ai vue la première fois, elle avait des livres de très grands chefs et maintenant, c’est elle qui publie ses livres de cuisine !

Quelle place tient aujourd’hui la nourriture dans votre vie ?

J’ai commencé à apprendre à faire la cuisine toute seule avec des livres. Grâce à Perla, j’ai compris que la cuisine était une forme d’expression que l’on partageait avec d’autres. Cela tient du même ressort que la psychologie positive. On perd la notion du temps et de soi. Cela fait partie de ces moments de flux dont je parle souvent et qui me procurent du plaisir immédiat. Côté cuisine, j’ai un tempérament très créatif et de fouineuse. Ce qui m’enchante le plus, c’est d’ouvrir mon réfrigérateur est de me dire : « avec ce que j’ai, qu’est ce que je vais pouvoir préparer ? ». Je ne cuisine jamais deux fois la même chose. Je n’ai pas de carnet de spécialité, et je ne suis pas la reine d’un plat en particulier. Ce qui m’intéresse, c’est de voyager et de me confronter à de nouvelles recettes. Je bénis Internet qui m’offre des possibilités innombrables. Et depuis le temps, j’ai acquis un certain nombre de réflexes, d’associations, de mélanges. Au quotidien, je ne consacre pas beaucoup de temps à faire à manger, mais le week-end, j’y consacre au moins 2h30.

Manger, c’est un plaisir ?

L’accumulation de plaisir ne suffit pas pour être heureux, mais préparer à manger, ça rend heureux !

Salée ou sucrée ?

J’ai plein d’inspiration sur le salé, mais aucune sur le sucré. La pâtisserie, c’est très minutieux, il faut respecter les quantités. Or je suis davantage dans l’interprétation. J’ai un meilleur instinct sur le salé que sur le sucré. Je ne fais jamais de gâteaux. Du coup, j’en achète ou ma voisine en prépare. Chacun ses talents.

Bio ou pas bio ?

Quand mon cousin David (David Servan-Schreiber auteur  du livre Anticancer) a exploré les liens entre cancer et nourriture, je m’y suis aussi intéressée. Chez les Servan-Schreiber, nous avons peu a peu changé la façon dont on cuisinait. Je privilégie  les fruits et légumes bio, les épices (curcuma, poivre), les fruits rouges, le thé vert, et je ne mange pas de farine blanche ni de sucre raffiné et très peu de viande rouge. En variant notre alimentation, on éloigne les risques. Je ne dis pas qu’il faut manger à 100% bio. L’important est d’avoir l’information et de faire des choix en conscience.

Votre aliment préféré ?

Les cornichons, la vinaigrette et tous les aliments où il y a du vinaigre et de l’acidité. J’aime par-dessus tout manger une belle laitue croquante de Provence et une bonne vinaigrette.

Celui qui vous rebute ?

Je n’aime pas du tout le fromage, un truc d’enfant que j’ai gardé.

L’aliment auquel vous avez renoncé ?

L’un de mes grands sevrages a été le Coca light. J’ai arrêté d’en boire à cause de l’aspartame qui était trop présent dans mon alimentation. Il m’a fallu trois mois pour ne plus éprouver chaque jour vers 11h30 cette sensation à l’arrière de la langue, une soif un peu particulière dont je savais que seul le coca light pouvait l’étancher. Maintenant, vous ne me ferez plus boire de Coca, sauf quand j’ai pris une cuite monstrueuse.

Votre coup de food du moment ?

Le BibimBap, un plat coréen qui contient six ou sept ingrédients différents : des légumes, du riz, de la viande ou du poisson. J’adore !

Y a-t-il des aliments régressifs pour lesquels vous craquez ?

Bien sûr… Je fais des cures de Nutella… mais pas trop souvent ! D’ailleurs, contrairement à ce que l’on croit, l’huile de palme n’est pas mauvaise pour l’organisme. C’est la quantité que nous mangeons qui pose problème. Le truc à éliminer définitivement de son alimentation, c’est l’huile hydrogénée qui a subi de nombreuses transformations. On la retrouve dans pratiquement toutes les pâtisseries industrielles et les biscuits. C’est comme si vous essayiez de faire rentrer dans votre corps un morceau de puzzle qui est à l’envers : votre organisme ne peut pas l’assimiler. Je me demande pourquoi en Europe, on a encore le droit d’en consommer, alors que le Danemark, l’Etat de New York et la Californie ont interdit la vente de produits qui en contiennent.

Vous organisez tous les ans la soirée des Merci. Quel est le concept ?

Ce dîner, consacré à la gratitude, a lieu chez moi le troisième samedi de novembre sur le modèle du repas de Thanksgiving aux Etats-Unis. C’est un rituel que j’ai instauré il y a 10 ans et que je ne manquerai pour rien au monde. L’idée est de réunir ma famille d’élection : des amis, des cousins et leurs enfants, les nouveaux fiancés, mes anciennes copines…. C’est une joyeuse troupe de relations et d’amitié qui s’entrecroisent, pour certains uniquement ce jour-là. Lors de ce dîner-banquet, les 22 convives expriment leur gratitude envers les personnes ou les choses qui ont amélioré leur vie. C’est une énorme organisation, mais c’est trop de bonheur ! C’est un peu ma fête nationale du kif ! Il y a 7 plats différents, notamment, une énorme dinde accompagnée d’une purée de pomme de terre (on ne peut pas faire sans !), de choux de Bruxelles au citron et d’une farce au riz sauvage, céleris, airelles, amandes et poires, sans oublier les nombreuses salades. Pour le dessert, c’est ma voisine qui s’en charge. Il y a toujours une tarte au potiron, (Le dessert traditionnel américain), un cheese cake, et d’innombrables pâtisseries. Cette année, l’une des surprises était un gâteau aux escargots en chocolat. Une merveille…